Sénégal–Mauritanie : un partenariat renforcé face à la tempête sahélienne
Les 23 et 24 octobre 2025, le ministre sénégalais de l’Intégration africaine, des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, Cheikh Niang, a effectué une visite officielle à Nouakchott. Deux jours d’échanges intenses avec son homologue mauritanien Mohamed Salem Ould Merzoug et le Premier ministre Mokhtar Ould Diay, sur fond de crise régionale et de nouvelles convergences stratégiques.
La sécurité en ligne de front
La coopération sécuritaire a dominé les discussions. À mesure que le chaos s’installe au Mali voisin, la Mauritanie et le Sénégal resserrent leurs rangs pour éviter tout débordement.
« La situation sécuritaire s’impose aux deux pays. La décision d’organiser une coopération militaire pour sécuriser leur frontière tombe sous le sens », explique Boubacar Ba, analyste politique sénégalais.
Avec plus de 800 kilomètres de frontière commune et une longue histoire partagée, les deux pays savent que leur stabilité est étroitement liée.
« Ce qui se passe aujourd’hui au Mali est une catastrophe : malgré la présence des mercenaires russes, Bamako est quasiment en état de siège », poursuit l’analyste.
La multiplication des attaques dans la région, notamment celle du 8 octobre qui a visé plus d’une centaine de camions-citernes au Mali, illustre la gravité de la menace. Pour les deux capitales, l’heure est à la prévention et au renseignement partagé.
Sécurité, migration et énergie : le triptyque du partenariat
Outre la coopération militaire, la visite de Cheikh Niang visait à consolider un partenariat global, articulé autour de la gestion des flux migratoires et du développement énergétique.
Les deux États coordonnent déjà leurs efforts dans le cadre du projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), opéré par BP et Kosmos Energy, et présenté comme l’un des plus ambitieux d’Afrique de l’Ouest.
Entré en production au printemps 2025, le champ offshore situé à la frontière maritime des deux pays doit livrer 2,3 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an.
Un projet stratégique pour Dakar comme pour Nouakchott, qui espèrent en tirer des revenus substantiels tout en renforçant leur interdépendance économique.
Une entente dictée par les réalités régionales
Au-delà des accords, c’est une vision commune de la stabilité qui semble émerger.
« Prévenir vaut mieux que guérir, souligne Boubacar Ba. Les Sénégalais et les Mauritaniens ont tout intérêt à coopérer pour assurer la sécurité de leur frontière et échanger leurs renseignements, car la guerre contre les djihadistes est aussi une guerre de l’information. »
Face à un Sahel fragmenté et à la montée des risques, le tandem sénégalo-mauritanien se positionne comme un nouvel axe de stabilité dans l’espace atlantique ouest-africain. Entre réalisme sécuritaire et convergence énergétique, Dakar et Nouakchott tracent les contours d’un partenariat appelé à peser dans la recomposition géopolitique régionale.
