Mauritanie : Ghazouani promet de s’attaquer aux causes profondes de l’immigration clandestine
Le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a réaffirmé la détermination de son gouvernement à combattre les causes structurelles qui poussent les jeunes à quitter le pays par des voies irrégulières. Dans un entretien accordé au quotidien saoudien Al-Sharq Al-Awsat, il a souligné que la question migratoire dépasse les frontières nationales et touche désormais « l’ensemble du continent africain, voire le monde entier ».
Une réponse « globale » à un défi régional
Pour le chef de l’État, la Mauritanie fait face à une réalité partagée par de nombreux pays du Sahel et du Maghreb : le désespoir économique et l’absence d’opportunités pour la jeunesse. « Nous n’avons ménagé aucun effort pour relever les défis qui poussent nos jeunes à l’immigration clandestine », a-t-il insisté.
Selon lui, cette lutte passe par une approche globale, combinant réformes structurelles, soutien à l’emploi et développement local.
Éducation et formation au cœur de la stratégie
Parmi les leviers mis en avant, le président cite la refonte du système éducatif et la modernisation de la formation technique et professionnelle. L’objectif : mieux adapter les compétences aux besoins du marché du travail mauritanien, encore largement dominé par le secteur informel.
« Nous avons lancé des programmes d’apprentissage et encouragé l’entrepreneuriat des jeunes, notamment dans le commerce, les technologies et l’agro-industrie », a-t-il précisé.
Diversifier l’économie, créer des emplois
Ghazouani a également rappelé les efforts entrepris pour diversifier l’économie, traditionnellement dépendante des exportations minières et halieutiques. Son gouvernement affirme miser sur les secteurs productifs – agriculture, pêche, énergie renouvelable – et sur la promotion du secteur privé, considéré comme moteur de la création d’emplois durables.
Lutter contre la pauvreté et la marginalisation
Le président mauritanien a enfin reconnu que la pauvreté et la marginalisation restent des facteurs majeurs d’émigration. Il assure avoir pris des mesures « stratégiques » pour renforcer la cohésion sociale, améliorer l’accès aux services de base et soutenir les zones rurales souvent laissées pour compte.
Cette politique s’inscrit dans la continuité de la stratégie nationale de croissance inclusive, lancée à son arrivée au pouvoir en 2019.
Entre ambition et scepticisme
Si le discours du chef de l’État met l’accent sur la prévention, de nombreux observateurs estiment que la mise en œuvre des réformes reste inégale. Le chômage des jeunes, qui dépasse 30 % selon certaines estimations, demeure un frein majeur.
Les routes migratoires vers l’Europe continuent, elles, de se densifier : selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de départs depuis les côtes mauritaniennes vers les Canaries a doublé en 2025 par rapport à l’an dernier.
Un équilibre délicat
Entre les attentes d’une jeunesse en quête d’avenir et la pression croissante des partenaires européens pour freiner les flux migratoires, Nouakchott tente de maintenir un équilibre. Pour Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, « lutter contre l’immigration clandestine, c’est avant tout redonner confiance aux jeunes en leur propre pays ».
