Mauritanie : vers une inclusion réelle des personnes handicapées

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Le gouvernement mauritanien a décidé d’agir : un décret adopté le 10 septembre 2025 prévoit la réorganisation du Conseil national multisectoriel pour l’inclusion et la promotion des droits des personnes handicapées. L’objectif est clair : renforcer la coordination, élargir la représentation des parties prenantes et assurer que les politiques publiques soient réellement efficaces sur le terrain.

Près de un adulte sur quatre âgé de 15 ans et plus en Mauritanie déclare avoir au moins une difficulté fonctionnelle (vue, déplacement, audition, etc.). Ces chiffres montrent la dimension du défi : il ne s’agit pas d’un petit groupe marginal, mais d’une part importante de la population.

Le nouveau décret prévoit que ce Conseil sera désormais placé sous la tutelle du ministère de l’Action sociale, et que sa composition sera élargie pour inclure des représentants ministériels, des institutions constitutionnelles, la société civile ainsi que des experts. Ces changements répondent à une critique récurrente : les personnes handicapées sont encore trop peu associées aux décisions qui les concernent directement.

La Mauritanie a ratifié dès 2012 la Convention internationale sur les droits des personnes handicapées, et dispose de textes nationaux comme l’ordonnance de 2006 relative à leur protection et leur promotion. Mais sur le terrain, les avancées restent limitées : infrastructures peu accessibles, équipements spécialisés rares et inclusion scolaire encore marginale.

Un recensement réalisé en 2024 a identifié plus de 2 000 enfants handicapés dans 13 zones d’action, dont beaucoup ne bénéficient pas d’appui systématique ni d’accès à l’éducation. Les études montrent aussi que les personnes handicapées sont surreprésentées parmi les populations pauvres, surtout en milieu rural où les déplacements, les soins et les services publics adaptés restent difficiles d’accès. Dans certaines wilayas, la proportion de personnes déclarant une difficulté fonctionnelle varie de 17 % à plus de 40 %, révélant des disparités fortes à l’échelle du pays.

Le décret devra encore préciser plusieurs aspects concrets : budget alloué, critères d’accès aux services, adaptation des infrastructures publiques (routes, écoles, hôpitaux), et mécanismes de suivi. Pour les associations, l’enjeu est que ce texte débouche sur des actions tangibles : augmentation du taux de scolarisation des enfants handicapés, meilleure insertion professionnelle, et accès équitable aux services sociaux.

Ce renforcement institutionnel est une avancée symbolique importante. Mais pour les milliers de Mauritaniens concernés, l’essentiel reste que ces engagements se traduisent en changements visibles dans la vie quotidienne.

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