Mauritanie : un nouveau cadre légal pour dynamiser le secteur muséal

Le gouvernement mauritanien a adopté, en Conseil des ministres, un projet de décret fixant les modalités de création et de fonctionnement des musées. L’objectif est de doter le pays d’un cadre juridique clair pour réguler leur mise en place et leur gestion, dans un contexte où l’offre culturelle reste encore concentrée à Nouakchott et accessible à une minorité.
Le texte ambitionne d’« insuffler une dynamique nouvelle » au secteur muséal et d’étendre la carte des musées à l’ensemble des wilayas. Pour les autorités, il s’agit à la fois de renforcer la diffusion de la culture, de valoriser la diversité nationale et d’ancrer un sentiment de citoyenneté et d’unité dans un pays riche en traditions mais confronté à de fortes disparités régionales. L’idée est aussi de rapprocher le patrimoine des populations, dans les villes comme dans les zones rurales, en donnant à chaque région la possibilité de mettre en valeur ses propres héritages.
Aujourd’hui, l’industrie muséale reste modeste. Le Musée national de Nouakchott, inauguré en 1972, demeure la principale institution du pays, avec deux salles permanentes consacrées à l’archéologie et à l’ethnographie. Quelques musées locaux existent, à Ouadane, Chinguetti ou Atar, mais leur visibilité et leurs moyens demeurent limités. L’Office national des musées joue un rôle de conservation et de sensibilisation, mais peine à compenser l’absence de structures modernes et de financements stables.
Dans ce contexte, le décret devrait apporter une clarification : qui crée les musées, comment ils sont financés, et quelles seront les règles de gouvernance et de supervision. Les autorités souhaitent encourager non seulement les initiatives publiques, mais aussi les projets privés et communautaires, en définissant un cadre transparent et crédible. La diversification des sources de financement – budget de l’État, partenariats, mécénat – sera un enjeu central pour concrétiser l’ambition affichée.
Pour le gouvernement, il s’agit aussi d’inscrire ce programme muséal dans une perspective de développement durable : les musées doivent devenir à la fois des lieux de mémoire et des outils pédagogiques pour les jeunes générations, mais aussi des vecteurs de dynamisme touristique. La Mauritanie, qui dispose d’un patrimoine exceptionnel – manuscrits anciens, villes historiques classées par l’UNESCO, traditions orales et artisanales – entend en faire un levier de croissance et de rayonnement.
Les détails sur les sites concernés, les enveloppes budgétaires et le calendrier de mise en œuvre restent attendus. Mais pour les observateurs, l’adoption de ce décret marque une étape symbolique : celle de l’institutionnalisation d’une politique muséale nationale, encore embryonnaire, mais appelée à jouer un rôle croissant dans l’identité et l’économie culturelle du pays.