Mauritanie : le gouvernement en alerte face au retour des criquets

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Criquet

Le gouvernement mauritanien a tiré la sonnette d’alarme sur la résurgence acridienne qui touche plusieurs régions du pays depuis le mois de mai. Une communication du ministre de l’Agriculture a été présentée en Conseil des ministres pour informer sur la situation et sur les mesures déjà prises.

Selon les services spécialisés, des foyers de criquets pèlerins ont été observés dans différentes wilayas, notamment dans le Trarza, au nord-est d’Aguilal Faye, dans le Brakna, au nord de Magta Lahjar, ainsi que dans l’Inchiri, autour d’Akjoujt, et dans l’Adrar, au sud d’Oujeft. Des adultes isolés ont aussi été signalés plus à l’est, entre Tamchekket et Néma. Ces insectes, capables de parcourir des centaines de kilomètres en peu de temps, représentent une menace directe pour les cultures et les pâturages, essentiels à l’économie pastorale et agricole du pays.

En août 2025, les opérations de lutte ont permis de traiter 573 hectares, principalement dans les zones infestées, après plus de 6 400 hectares couverts en juillet. La baisse de superficie traitée reflète une accalmie relative, mais les experts préviennent que le risque demeure élevé. Les fortes pluies de l’été ont favorisé une végétation dense, offrant des conditions idéales pour la reproduction des criquets.

La FAO prévoit que les effectifs acridiens continueront d’augmenter jusqu’en octobre, avec l’apparition de nouveaux groupes larvaires et d’ailés immatures, notamment dans l’Inchiri, l’Adrar, le Tagant et Dakhlet Nouadhibou. La menace ne se limite pas à la Mauritanie : des foyers ont également été signalés au Tchad, et des risques existent au Mali, au Niger et jusque dans le sud de l’Algérie. Cette dimension régionale rappelle la nécessité d’une coopération avec les pays voisins et les partenaires techniques.

La Mauritanie n’est pas étrangère à ce fléau : les grandes invasions de 2004-2005 avaient dévasté des milliers d’hectares et coûté des millions de dollars en pertes agricoles et en opérations de lutte. Les autorités veulent éviter que ce scénario ne se répète. Parmi les mesures annoncées figurent le renforcement des équipes de surveillance, la mobilisation de brigades terrestres et aériennes, ainsi qu’une meilleure coordination avec la FAO et les partenaires régionaux.

Au-delà de l’urgence, cette résurgence souligne la vulnérabilité structurelle de l’agriculture mauritanienne face aux aléas climatiques et environnementaux. Pour de nombreuses familles rurales, une seule saison perdue peut signifier l’insécurité alimentaire.

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