Mauritanie : un plan national pour décarboner le bâtiment et la construction

La Mauritanie veut verdir son secteur du bâtiment. Réuni en Conseil des ministres le 2 septembre, le gouvernement a présenté un plan national de décarbonation du bâtiment et de la construction. Ce programme stratégique, prévu sur quatre ans, vise à réduire l’empreinte carbone d’un secteur considéré comme l’un des plus énergivores du pays.
En 2021, le pays a émis environ 10,3 millions de tonnes de CO₂ équivalent, soit 2,2 tonnes par habitant, un niveau relativement faible à l’échelle mondiale mais appelé à croître avec l’urbanisation. Si l’agriculture concentre la majorité des émissions, le bâtiment et l’énergie constituent des gisements d’action prioritaires pour atteindre les engagements climatiques. La Mauritanie s’est en effet fixée pour objectif de réduire ses émissions d’au moins 11 % d’ici 2030, et jusqu’à 92 % avec le soutien international, dans la perspective d’une neutralité carbone à l’horizon 2050.
Le plan repose sur plusieurs axes : améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments publics, encourager l’utilisation de matériaux locaux et durables à faible teneur en carbone, intégrer des normes environnementales dans les projets d’urbanisme et accompagner les acteurs du BTP vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement. La réglementation environnementale sera également renforcée et mieux appliquée.
Pour les autorités, il s’agit de faire du bâtiment un levier de transition énergétique. « Ce plan s’inscrit dans les engagements de la Mauritanie en matière de climat et doit permettre de réduire l’empreinte carbone tout en soutenant la croissance du secteur », a expliqué le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire.
Le pays espère aussi mobiliser des financements verts auprès de bailleurs internationaux et accéder à des fonds climatiques multilatéraux. Le secteur du bâtiment, en forte croissance en raison de l’urbanisation rapide de Nouakchott et des villes secondaires, représente en effet un enjeu majeur pour atteindre les objectifs de développement durable. Déjà, les énergies renouvelables assurent près de 19 % de la production électrique nationale, avec un cap fixé à 50 % en 2030, ce qui place la décarbonation du BTP dans une stratégie plus large de transition énergétique.
Ce plan intervient dans un contexte où la Mauritanie cherche à diversifier son économie au-delà des industries extractives et à attirer de nouveaux investisseurs, notamment dans les infrastructures vertes. Pour les partenaires au développement, l’initiative pourrait ouvrir la voie à de nouveaux projets conjoints, à condition que les normes annoncées soient effectivement mises en œuvre.
Le défi sera de taille : concilier croissance urbaine, besoins sociaux et impératifs climatiques.