Mbarek Beyrouk

Par Mbarek Ould Beyrouk
Écrivain mauritanien, lauréat du Prix Ahmadou Kourouma (2016), auteur de Le Tambour des larmes et Je suis seul.


La République ne se repose pas. Mais ses serviteurs ont besoin, de temps en temps, de prendre des vacances. Et cette année, l’été et l’hivernage appellent au repos, à la contemplation, au farniente.

Hier encore, nos gouvernants aimaient, au mois d’août, prendre leurs aises dans de grands hôtels, à l’étranger, au milieu de grandes villes : Paris, Barcelone, Casablanca. Bien qu’il puisse paraître absurde de prendre des vacances dans des mégalopoles surpeuplées, ils aimaient voir revenir leurs familles avec des photos qui épatent les amis. Il y eut même un temps où l’État les y aidait en leur offrant des billets d’avion.

Cette année, tout cela est fini. Ordre a été donné aux fonctionnaires de l’État de ne plus passer une seule journée de vacances à l’étranger. C’est sûr, la mesure n’a pas dû être accueillie avec beaucoup de ferveur par tous les concernés. Mais elle a beaucoup profité à ceux du pays profond : le tourisme local a connu un boom, les commerçants exultent et la valeur des propriétés a décuplé.

Le Chef de l’État, lui, qui a toujours préféré se reposer en Assaba, près des siens, s’est pour l’exemple bien affiché cette fois-ci auprès des populations locales. On l’a vu discuter avec des jeunes, parler à de pauvres gens, marcher au milieu du désert, et c’était clair : il était heureux. Il a dû interrompre ses vacances pour se rendre au Japon participer à la TICAD, mais dès son retour il a rejoint la vieille cité de son enfance.

En vérité, cet appel à rejoindre le pays profond est le signe d’une orientation politique, elle aussi profonde : Nouakchott a trop régné. La priorité pour demain, c’est de faire revivre l’intérieur du pays, d’impulser le développement de nos communautés locales. Déjà, les investissements publics affluent vers les régions. Les hommes politiques, les administrateurs, les cadres doivent suivre eux aussi.

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