Mauritanie : un secteur minier en pleine expansion et en transition énergétique
Nouakchott, 20 juin 2025 – En pleine mutation, la Mauritanie s’impose de plus en plus comme un acteur stratégique en Afrique de l’Ouest dans le domaine des ressources naturelles et de la transition énergétique. Portée par une dynamique exceptionnelle dans l’extraction de minerais (fer, or, cuivre) et par des projets novateurs dans les énergies renouvelables et l’hydrogène vert, la stratégie nationale dévoile une ambition industrielle structurante pour les années à venir.
📊 Performances minières en forte croissance
Le cœur du moteur économique mauritanien reste sans conteste le secteur minier, qui représente près de 24 % du PIB et génère plus de 30 % des recettes publiques.
🪨 Fer : objectif de triplement de la production
La Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) a connu une année 2023 record avec 14 millions de tonnes de fer extraites, contre 12 Mt en 2022. L’objectif affiché pour 2030 est ambitieux : 45 millions de tonnes par an, notamment grâce à l’extension des gisements, à la modernisation du matériel et au renforcement des capacités ferroviaires et portuaires.
🪙 Or et cuivre : des mines florissantes
Le site aurifère de Tasiast, exploité par Kinross Gold, a enregistré une production exceptionnelle de 620 793 onces d’or en 2023, consolidant sa position parmi les plus importants projets miniers du continent.
De son côté, Guelb Moghrein (près d’Akjoujt), opéré par First Quantum Minerals, a produit environ 13 000 tonnes de cuivre et 26 000 onces d’or, confirmant la rentabilité du sous-sol mauritanien.
⚙️ Infrastructures et énergie : la colonne vertébrale de l’expansion
⚓ Modernisation logistique
Pour soutenir cette croissance, d’importants travaux ont été engagés sur les infrastructures. Le port de Nouadhibou, plaque tournante de l’exportation minière, voit sa capacité doublée, passant de 5 000 à 10 000 tonnes/heure, grâce à l’ajout d’un nouveau quai d’embarquement.
Le réseau ferroviaire reliant les mines de Zouérat à la côte a également bénéficié d’investissements importants, visant à fluidifier le transport de minerai et à réduire les coûts logistiques.
⚡ Renforcement de la capacité énergétique
Pour faire face aux besoins colossaux des sites miniers, le gouvernement a lancé la construction d’une centrale thermique de 30 MW à Zouérat, accompagnée de projets solaires hybrides dans plusieurs sites isolés, dont Tasiast, en collaboration avec l’initiative Desert to Power de la Banque Africaine de Développement.
🌱 Un tournant vers l’industrie verte et l’hydrogène
Au-delà des ressources classiques, la Mauritanie se projette vers l’avenir avec une stratégie claire : diversifier ses ressources et capitaliser sur les énergies vertes.
☢️ L’uranium à l’horizon 2026
La mine de Tiris est en phase de pré-exploitation. Porté par Aura Energy, ce projet pourrait positionner la Mauritanie comme un producteur stratégique d’uranium, ressource clé pour la transition énergétique mondiale et la production nucléaire bas carbone.
🌬️ Hydrogène vert et acier propre
Parmi les projets les plus emblématiques figure AMAN, un gigantesque projet d’hydrogène vert estimé à 40 milliards de dollars, initié en partenariat avec CWP Global. Ce projet prévoit :
- 30 GW d’énergie éolienne et solaire,
- une capacité de production de plusieurs millions de tonnes d’hydrogène/an,
- la création de milliers d’emplois directs et indirects,
- et la production d’acier vert à partir d’électricité décarbonée, en partenariat avec SNIM et ArcelorMittal.
📌 Défis à surmonter
Malgré cette trajectoire impressionnante, plusieurs défis structurels persistent :
- Goulots logistiques : bien que les infrastructures soient en expansion, les délais de livraison et les coûts restent élevés.
- Risque de dépendance excessive : la forte concentration de l’économie sur les matières premières expose le pays à la volatilité des cours mondiaux.
- Défis sociaux et environnementaux : inclusion locale, pollution, gestion de l’eau et répartition équitable des retombées économiques sont au cœur des préoccupations.
- Accès à l’énergie domestique : alors que l’énergie se développe autour des sites miniers, une partie de la population reste sous-desservie, notamment dans les zones rurales.
