Nouakchott face à la mer : la Mauritanie tente de sauver son littoral

À Nouakchott, la mer gagne du terrain. Le gouvernement mauritanien a adopté un décret pour mieux protéger le littoral de la capitale, aujourd’hui menacé par l’érosion et la montée des eaux. L’idée : créer une zone spéciale où tous les projets devront être encadrés, afin d’éviter le désordre et de préserver un espace vital pour la ville.
Le littoral de Nouakchott, où se trouvent le port, des zones industrielles et de nombreux quartiers, recule chaque année. Des études montrent qu’il perd en moyenne près d’un mètre de terrain par an, et certaines portions ont déjà vu la mer avancer de plusieurs centaines de mètres. En cause : l’urbanisation rapide, l’extraction de sable, mais aussi les effets du changement climatique.
Selon un programme régional appuyé par la Banque mondiale, 21 brèches ont été recensées le long de la côte, dont trois jugées critiques. Ces failles laissent entrer l’eau, fragilisent les dunes et provoquent des inondations lors des tempêtes. Pour les habitants des quartiers côtiers, cela se traduit par des maisons menacées, des routes impraticables et une peur grandissante de voir la mer envahir la ville.
La Mauritanie tente de réagir. Une société publique-privée a déjà été créée pour travailler à l’aménagement du littoral. Le nouveau décret adopté en Conseil des ministres doit renforcer ce dispositif : il fixe des règles plus claires pour gérer le foncier, coordonner les acteurs et assurer un suivi transparent des projets.
La situation est d’autant plus préoccupante qu’une partie de Nouakchott se trouve sous le niveau de la mer. Si rien n’est fait, préviennent les experts, la capitale pourrait être l’une des grandes victimes du réchauffement climatique en Afrique de l’Ouest. Le gouvernement espère, avec ce texte, rassurer aussi bien la population que les bailleurs de fonds internationaux, indispensables pour financer des travaux lourds de protection.
Reste à savoir comment ces mesures se traduiront concrètement : quels quartiers seront prioritaires, quels budgets seront mobilisés, et comment les riverains seront associés aux décisions. Car derrière les chiffres et les décrets, ce sont des dizaines de milliers d’habitants qui vivent chaque jour avec l’angoisse de voir la mer frapper à leur porte.