L’appel du Président Ghazouani redonne vie à notre patrimoine national

Le tourisme a souvent été pour nous affaire de visiteurs occidentaux, d’hôtels et d’auberges, d’apport de devises surtout. Nous nous employions à gagner le cœur d’étrangers fascinés par notre désert et nos oasis, et nous oubliions nous-mêmes de regarder autour de nous, d’apprécier notre nature, de goûter à notre culture et à nos dattes. Le « must » pour la bonne société, c’était de passer les vacances à Las Palmas ou à Casablanca. La classe moyenne, elle, se suffisait des environs de Nouakchott où des personnes entreprenantes s’activaient à leur offrir, à des coûts exorbitants, un ersatz d’environnement bédouin, au milieu des senteurs de gasoil et des bruits incessants des moteurs. Combien de milliards ont été dépensés dans ces orgies vacancières et à qui profite cette manne ? Pas aux populations de l’intérieur, oubliées par une élite qui a aussi, dans la plupart des cas, tourné le dos à ses origines.
Mais cette année, la donne a changé. Le Chef de l’État, outré par ces extravagances qui coûtent cher au pays et qui détournent vers l’extérieur le fruit de nos sueurs, a appelé tous les fonctionnaires de l’État et tous les Mauritaniens à passer les vacances et les temps libres dans les terroirs. Finis Las Palmas, ou Paris, ou Marrakech, place à Aioun, à Kiffa ou à Atar et à nos nombreuses villes, villages, oasis, campements de l’intérieur dont on a trop longtemps oublié les attraits. Des milliers de réservations d’avion et d’hôtel ont été annulées. Le pays profond a vu déferler des milliers de personnes venues, parfois malgré elles, goûter les saveurs des vieux terroirs. Mais, pour les cœurs aigris, le désamour n’a pas duré longtemps. Dans une oasis de l’Adrar, un vieil ami de Nouakchott m’a confié : « Je l’avoue, je n’étais pas chaud pour revenir ici après tant d’années, je ne concevais pas un été sans climatisation, pas de vacances sans promenades sur les plages de la Méditerranée, mais depuis que je suis là j’ai redécouvert une partie de moi-même, j’ai réappris à aimer ce bled qui est le mien et à apprécier l’air qu’on y respire. »
À Atar, capitale touristique du pays, la nouvelle saison touristique a été officiellement ouverte le jeudi 16 juillet par une grande soirée culturelle, qui a vu la présence de cinq membres du gouvernement et de tous les élus et notables de la région. Un concert animé par la grande chanteuse nationale Garmi mint Abba et par plusieurs artistes locaux a duré toute la nuit. Partout dans le pays, les autorités se sont évertuées à inviter les ressortissants à converger vers leurs terroirs d’origine.
Cet appel du Président Ghazouani a été véritablement salutaire pour les populations de l’intérieur. Les commerces ont connu une progression appréciable, les produits locaux ont été redécouverts, les auberges et les hôtels affichent complet, et ces « touristes » libérés de leurs faux conforts ont retrouvé la chaleur des rencontres familiales.
Cet appel prolonge le discours et la philosophie du Chef de l’État qui a toujours considéré la Mauritanie comme une même et unique entité, qu’il faut considérer dans sa globalité et dont il faut assurer non seulement la prospérité mais aussi la cohésion.
Cet appel redonne vie à notre patrimoine national, à l’œuvre de nos artisans, à notre architecture traditionnelle, à l’effort de nos paysans, il fait redécouvrir à notre jeunesse son passé et sa culture.